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19 juillet 2022 en Paléo Festival, Nyon
De Alexandre P.
Il y a quelques années, l’équipe du Paléo Festival invitait son public à suggérer un nouveau nom pour la deuxième scène. J’avais proposé « Kiss My Asse » pour le jeu de mot, sans penser une minute qu’en 2022, nous aurions le privilège de voir KISS débouler avec toute son énorme production sur la plaine de l’Asse. Prévu initialement en 2020, la venue des légendes américaines a heureusement pu être reportée.
Après deux années complètement blanches, le site ne permettant pas la tenue d’éditions réduites en plein Covid, le festival nyonnais est de retour en 2022 et pour bien débuter cette semaine très attendue, quoi de mieux qu’une soirée dédiée aux grosses guitares électriques. Cela fait depuis 2016 (Iron Maiden et Eluveitie notamment) que l’on en rêvait. Les programmateurs l’on (re)fait, merci à eux.
Toujours sous la canicule en place depuis le début du mois, la journée du mardi 19 juillet sera selon les prévisions météorologiques la plus chaude de la semaine. Autant dire que pour une fois ils ont vu juste, la température extérieure est parfaitement en accord avec l’affiche du soir : The hottest band in the world pour citer le slogan de cette tournée d’adieu de KISS. Une belle manière de leur souhaiter la bienvenue, mais qui du coup, au vu de ces conditions dantesques, inquiète un peu les fans, qui se demandent comment cela va se passer pour les musiciens de KISS, en particulier pour Gene Simmons, bientôt 73 ans et dont l’armure démoniaque pèserait pas loin de 20 kilos. Réponse plus tard dans la soirée. Dans l’intervalle, plusieurs véhicules ont été endommagés suite à un incendie dans un des parkings. Cela promet si maintenant, la pyrotechnie démarre déjà en fin d’après-midi…
Arka’n Asrafokor
Peu après l’ouverture des portes, ce sera d’abord les surprenants Arka’n Asrafokor sous le Dôme. Difficile de savoir à quoi s’attendre exactement car le metal n’est pas la première musique à laquelle on pense quand on parle du continent africain. Peut-être que l’on devrait revoir nos clichés car ce groupe fait un mélange assez savant de metal fusion aux couleurs de l’Afrique. Il y a vraiment de tout dans ce groupe togolais : les guitares à la limite du thrash et les lignes de chant plutôt agressives, mais aussi des instruments traditionnels tels que les tambours ou les cloches. Hommage à KISS ou à leurs ancêtres, voire les deux à la fois, les musiciens ont tous de la peinture sur le visage. La température décolle déjà vers des sommets irrespirables même si sous le Dôme on profite quand même d’un petit courant d’air bienvenu. Si cela chauffe, c’est en grande partie grâce à des musiciens bien remuants, en particulier le joueur de tambour hyperactif et omniprésent dans toutes les chansons. C’est la première fois que je les vois et j’avoue qu’ils ont retenu mon attention, mais plus par leur fougue que leur musique un peu décousue. Cela part dans tous les sens et on s’y perd un peu. Ceux qui aiment le tambour (le vrai pas celui des artistes nocturnes autoproclamés du camping) en ont pour leur argent.
Turnstile
A 19.00 heures déjà, il faut faire un choix entre Turnstile et son punk hardcore pour inaugurer la scène Vega, la seconde scène toute nouvelle et impressionnante, et Silver Dust qui joue à la même heure de l’autre côté du site sous le Club Tent. Je choisis de débuter avec Turnstile, moins souples avec les autorisations photos que les jurassiens. La scène Vega et toute la zone devant elle sont en plein cagnard. Le risque est que le public préfère rester assis à l’ombre d’une autre structure située face à la scène. Risque rapidement éliminé, les gens bravent le soleil pour se rapprocher dès les premières notes. Cela saute et cela pogote, sur scène comme dans la foule. Un épais nuage de poussière et de terre apparaît rapidement mais là non plus cela ne décourage personne de continuer à s’agiter. Le groupe américain a de l’expérience et de l’énergie.
Silver Dust
Je les quitte après quelques morceaux pour rejoindre rapidement le Club Tent et enchaîner avec Silver Dust, un des groupes les plus attendus de cette édition 2022. Les jurassiens réalisent un peu leur rêve en étant à l’affiche le même soir que KISS et on les comprend aisément. Cela dit, cette place sur le programme de mardi est amplement méritée eu égard à leur parcours sans faute jusqu’à présent. Bien entendu, une grande partie du public est là pour soutenir Lord Campbell et ses musiciens, qui sont ce soir un peu les locaux de l’étape. Nous sommes nombreux à les avoir déjà vus en concert à plusieurs reprises. Pour ma part, je ne les ai pas revus depuis le changement de guitariste et la sortie de leur quatrième album il y a quelques mois. Vu la chaleur intenable sous le Club Tent, je me dis que les gars doivent avoir extrêmement chaud car ils ont (presque tous) leurs habits de scène usuels en cuir et velours. Show must go on même si cela dégouline dans les bottes ! A peine, j’arrive devant la scène que Lord Campbell est déjà debout sur un ampli en train de jouer de la guitare avec sa langue (Gene Simmons, si tu nous lis, sache que tu n’es pas le seul à avoir la langue bien pendue). Le show est intense et le public n’en perd pas une miette. Dire qu’ils ont le sens du spectacle est un euphémisme et que dire de ce moment magique où Lord Campbell est descendu au milieu de la foule pour chanter ! Bravo à eux d’avoir été à la hauteur de cette première invitation au Paléo. Cerise sur le gâteau, le concert a été filmé professionnellement par l’équipe de Paléo, donc on peut espérer revoir tout cela dans peu de temps.
Depuis cette édition, tout le site est cashless. Cela fonctionne bien et en tous les cas cela ne décourage pas les gens de manger. Il faut donc mériter son repas en faisant, plutôt longuement (un signe que c’est bon), la queue, une tradition locale qui mériterait d’être abolie, mais bon, le manger c’est une des activités préférées des festivaliers ici. Et on les comprend, c’est toujours super bon et cette année, il y a des nouveaux stands qui font envie à découvrir.
Dropkick Murphys
Premier groupe à jouer sur la grande scène de cette édition 2022, les américains de Dropkick Murphys mettent, comme toujours avec eux, une ambiance festive assez incroyable. Malheur à ceux qui sont partis manger ou qui attendent leur assiette, après quelques minutes, il n’y a plus beaucoup de place pour se mettre devant la grande scène. Lunettes de soleil, grands sourires, c’est parti pour 75 minutes de punk celtique qui mettent en avant la chanson irlandaise traditionnelle et ses nombreuses invitations à lever le coude. Autant dire que le chanteur, Al Barr (cela ne s’invente pas), a été bien entendu et suivi à la lettre par de nombreux festivaliers.
KISS
A 23 heures, l’heure de vérité pour KISS, un grand rideau cache la scène. Robert Plant s’époumone sur Rock N’Roll dans la sono, puis la vidéo démarre avec le groupe filmé en train de rejoindre la scène. Le show s’ouvre avec Detroit Rock City. Les musiciens n’arrivent pas du plafond sur leur plate-forme, mais c’est déjà compensé par une pyrotechnie peu raisonnable (mais quand même plus safe que dans le parking tout à l’heure). Ils sont bien là, les deux fondateurs Gene Simmons et Paul Stanley, entourés de Tommy Thayer et de Eric Singer. A peine ce premier classique terminé que cela s’enchaîne sur Shout It Out Loud. Paul Stanley est plutôt dissert ce soir profite de chaque occasion pour communiquer avec Paléo, le faire chanter et bouger (« come on people »). Il rappelle que ce soir c’est le 10ème concert de KISS en Suisse. Je n’ai pas vérifié mais on peut lui faire confiance, les chiffres cela a toujours été son domaine. Paul introduit longuement le « classic old school » de KISS Cold Gin, avant que Tommy Thayer ne balance un pur solo. Vingt ans qu’il remplace le Starman d’origine, Ace Frehley, et force est de constater qu’il le fait impeccablement bien. Pour une toute dernière tournée, j’aurai concentré le set sur les chansons que les gens veulent absolument entendre une dernière fois, le groupe choisi lui de revisiter son impressionnant catalogue en jouant des titres de toutes les périodes, avec des titres peu attendus comme Say Yeah (de Sonic Boom) ou Heaven’s On Fire (extrait de Animalize). Comme dans les années 80s, on a droit à un solo de batterie et un solo de basse. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas assisté à des démonstrations de ce type. La fin de set est probablement le meilleur moment avec God Of Thunder (qui sera entendu quelques heures plus tard avec un bel orage), Love Gun et le kitsch mais efficace I Was Made For Loving You. Par moment, c’est plus un spectacle qu’un concert, mais c’est vraiment bien fait et tout le monde en redemande.
Au retour sur scène, Eric Singer est seul avec son piano pour nous jouer Beth (que personnellement j’aurais bien remplacé par Hard Luck Woman dans le même registre), avant d’être rejoint par ses pairs pour un vif Do You Love Me, puis un final Rock N’Roll All Nite sous une pluie de confettis. Il n’y a pas à dire, pour une belle fête, il suffit d’inviter un groupe de hard rock populaire qui plaît à trois ou quatre générations.
Même si certaines tournées d’adieu s’étalent dans le temps, je ne pense pas que l’on reverra KISS sur scène en Suisse (je ne serai pas déçu si je me trompais cela dit). Nous aurons eu la chance qu’ils viennent nous dire au revoir avec un show digne de leur légende.